Littératures et civilisations des Caraïbes francophones : quelles problématiques aujourd’hui ?
Journée d’études en hommage au magistère du Professeur André Ntonfo, pionnier parmi les antillanistes africains
Lieu: Université de Buea, Cameroun
Date de l'événement: 9 décembre 2020

Date limite: 30 juin 2020


Tout au long d’un magistère qui dure depuis plus de quarante ans, son intuition d’enseignant-chercheur, de spécialiste des littératures et civilisations caribéennes ainsi que  sa fréquentation de l’espace antillais auront entraîné le Professeur André Ntonfo vers diverses problématiques, dont certaines pourraient inviter à une redécouverte.

Entre autres :

1/ le questionnement sur l’identité antillaise ;

2/ la focalisation sur le vécu d’Haïti comme pilier et modèle structurants pour  une émergence  réfléchie du continent africain ;

3/Les Caraïbes et l’Afrique aujourd’hui.

En guise d‘hommage à ce riche magistère, nous tentons de relever ici trois des nombreuses hypothèses associées à certains joyaux scientifiques par lesquels il a contribué à éclairer l’environnement socioculturel et éducatif d’ici et d’ailleurs, l’objectif étant de susciter une réflexion/un débat sur l’actualité des pistes déblayées par ce passionné  de l’enseignement.
Et d’abord, relativement à la partie du magistère axée  sur la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane française, on peut constater que les préoccupations de l’illustre enseignant convergent autour de l’idée que la connaissance de l’homme et de l’identité antillaise sont capables de stimuler et d’augmenter  le sens de l’altérité ainsi que les aptitudes  relationnelles  des jeunes Camerounais en particulier et d’Africains en général. Sous ce rapport, il découle globalement de certaines publications de l’auteur en notre possession que la révélation de la spécificité et de l’altérité antillaises, ou tout simplement celles de la littérature des Antilles françaises  s’appuie, non pas sur des mythes, mais plutôt sur l’analyse de toute l’énergie et la vertu d’une panoplie d’œuvres soigneusement « essorées » par le critique.
Nous voulons dire qu’empreintes de rigueur, de minutie et de probité, les productions scientifiques du Professeur André Ntonfo ratissent généralement large. Dans une démarche à la fois diachronique et synchronique, ses travaux prennent en compte des œuvres de plusieurs générations d’auteurs antillais , à l’instar de Joseph Zobel, peintre du petit peuple antillais,  Raphael Confiant, promoteur de la Créolité, en passant par Edouard Glissant, romancier de l’histoire et de l’engagement politique antillais. L’objectif de cette démarche qui consiste à révéler le plus pleinement possible la condition propre des Antillais s’illustre dans l’essai intitulé L’Homme et l’identité  dans le roman des Antilles et Guyane françaises  , ou encore dans l’article « Jalons pour une autonomie de la littérature antillaise » .  En fait, l’obsession de mettre en lumière la kyrielle de romans sert une vérité essentielle : la révélation de la spécificité antillaise nourrie de précieux joyaux des mornes antillais. 
De plus, imprégner les jeunes Camerounais/Africains  d’antillanité, asseoir la connaissance du monde antillais parmi les Africains, telle aura été la mission que s’est donnée le Professeur André Ntonfo au Département de Littérature négro-africaine de l’Université de Yaoundé, aussi bien au moyen des enseignements qu’à travers la direction des mémoires et thèses d’étudiants. Ces derniers, devenus pour certains aujourd’hui aussi des Maîtres  dans le champ antillais, contribuent à l’irradiation de cette fibre antillaise, urbi et orbi. D’ailleurs, dans un  article  publié en hommage au Professeur Jack Corzani, le premier spécialiste camerounais des lettres antillaises indique qu’à de multiples occasions , nombre de ses anciens étudiants rencontrés au hasard des circonstances se présentent volontiers en s’identifiant par rapport aux œuvres étudiées et leurs personnages-phares, tels que la curieuse Marie Celat  dans La Case du commandeur d’Edouard Glissant, le héros bouffon Rigobert Charles Francis  dans Le Nègre et l’amiral de Raphael Confiant, ou encore le personnage du zombi dans Les Affres d’un défi de Franketienne, et ceux de Clivia Chanfort et Ludovic Vortex dans L’Année Dessalines de Jean Metellus.
La vulgarisation auprès du public camerounais de l’altérité et de l’identité antillaises par le Professeur André Ntonfo s’est cristallisée enfin sur Aimé Césaire (qu’il aura rencontré à plusieurs reprises) et sur la présentation de la Martinique comme  une terre de pèlerinage pour le monde noir. Dans ce cadre, il a coordonné le numéro 77 de la Revue Présence francophone sous le titre  évocateur de: « Aimé Césaire et le monde noir : regards croisés ». Dans ce collectif, le monument historique martiniquais est très précisément montré par son analyste comme un « nègre fondamental » qui s’est ingénié, grâce à ses œuvres et ses combats, à élever ses compatriotes et l’ensemble du monde noir à la dignité humaine. Dans la même veine, l’antillaniste André Ntonfo  exprime sa conviction que la Martinique  est devenue  une nouvelle  « Terre- mère » pour ceux  qui ont soif  de cette dignité  et qui rêvent de la procurer à leur peuple. D’où l’urgence d’ « aller  aux sources ».
En sus de ses multiples éclairages édifiants sur les Départements français d’outre-mer,  le magistère du Professeur André Ntonfo aura tout particulièrement aussi contribué à faire d’Haïti  un point de mire au sein du monde noir. Car, à écouter le Professeur, Haïti doit être perçu comme  un phare : d’une part, du fait qu’il s’agit du berceau d’un indigénisme promoteur d’authenticité culturelle. C'est du moins l’une des idées forces qui découle de Le Roman indigéniste haïtien : esthétique et idéologie, un essai fondateur publié en 1997. D’autre part, à en croire l’auteur de « Lettre de la Citadelle : Haïti nouvelle terre mère pour l’Afrique »,  les Africains  se doivent de réfléchir sur le cas haïtien. Ce précepte a fait l’objet, en 2004 à Yaoundé, d’un colloque international, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution dans cette Ile, sous le thème « Haïti Première République noire : le regard de l’Afrique ». Dans la mouvance de cet événement scientifique, la problématique de la table ronde aura été tout aussi révélatrice  des préoccupations de l’éminent enseignant/chercheur.
En effet, sous sa modération, le Professeur Pierre Buteau, Ministre de l’Education nationale d’Haiti de l’époque, Madame Christine Diop, Directrice de Présence Africaine, le Professeur Charles Binam Bikoi, Chercheur et Secrétaire du CERDOTOLA,  ainsi que le Docteur  Thomas Aidoo, spécialiste du panafricanisme  ont entrepris, d’un côté, de  projeter  Haïti  dans son statut réel et son rôle historique de pays  ayant inauguré  dans le monde noir, une lutte anti-esclavagiste et, partant, anticolonialiste victorieuse. D’un autre côté, les panélistes se sont interrogés de savoir si l’Afrique a tiré toutes les leçons de l’irruption, dans le concert des nations libres, de la République noire  inattendue  et non acceptée que fut Haïti.  En d’autres termes, les politiciens, les économistes, les historiens et autres hommes de culture de l’Afrique indépendante ont-ils jamais pris conscience de toutes les stratégies  de dépossession  ou d’invalidation que le triomphe d’Haïti a fait déployer et abattre sur l’Ile par les puissances coloniales toujours à l’œuvre ?
 De tout ce qui précède, des questions viennent à l’esprit du lecteur attentif des nombreux ouvrages et articles scientifiques du Professeur André Ntonfo, qui  pourraient servir de pistes de  recherche/réflexion dans le cadre de cet appel à contribution. Entre autres :
-Les préoccupations du Professeur André Ntonfo sur le champ  des Antilles françaises et sur celui d’Haïti peuvent-elles encore avoir quelque résonnance aujourd’hui ?
-Quel intérêt y a–t-il actuellement à revisiter le processus d’autonomisation de la littérature antillaise à l’aune de la  Négritude, de l’Antillanité  ou encore de la Créolité ?
- La geste de l’indépendance d’Haïti, autant que  le retour aux sources peuvent-ils  être d’un quelconque  apport dans la structuration  d’une  émergence  des pays  africains en toute dignité ?
- L’expérience vécue par Haïti ne mérite-t-elle pas d’en faire un horizon pédagogique pour l’Afrique ? Cette expérience ne devrait-elle pas entrer dans les programmes pédagogiques tant  au niveau des lycées et collèges que dans les Universités ? Dès lors, comment concevoir  et structurer ces études haïtiennes pour ces différents niveaux d’enseignement ? Quels aspects privilégier ?
- Dans une Afrique aux prises avec les défis de la mondialisation et le réveil des revendications tribo/ethniques, de quelle valeur pourraient être aujourd’hui les productions  des auteurs caribéens francophones comme Joseph Zobel,  Edouard Glissant, Salvat Etchart, Michèle Lacrosil, Bertène Juminer, Maryse Condé, Raphael Confiant, Patrick Chamoiseau, Jacques Roumain, Jacques Stephen Alexis, Jean Metellus, Yanick Lahens et bien d’autres auteurs dont s’est nourrie  la réflexion scientifique du Professeur André Ntonfo ?
Nous réitérons que  des questionnements et toute autre préoccupation sur la littérature des Caraïbes pourraient constituer d’autres axes possibles à creuser lors de cette journée d’études en l’honneur du magistère du Professeur André Ntonfo.

Les propositions de communication d’environ 400 mots, auxquelles sont associés  le titre, le nom du contributeur et son institution de rattachement, ainsi que des mots –clés, doivent être envoyées  à l’adresse suivante : edmokwe@yahoo.com
 

Calendrier prévisionnel :
-Réception des propositions de communication-Date limite : le mardi, 30 juin 2020
-Retour des avis : le vendredi, 31 juillet  2020
-Réception des copies avancées des communications : le dimanche, 15 novembre 2020
-Date de la journée d’études : le mercredi, 09 décembre 2020
-Lieu : Université de Buea au Cameroun
-Juin 2021 : publication des actes de la journée d’études

Comité scientifique :
     Président : -Pr. Cilas Kemedjio, University of Rochester, USA                                                

Membres : 

- Pr. Edward Ako, Université de Buea, Cameroun
- Pr Nol Alembong Université de Buea, Cameroun
- Pr. Richard Laurent Omgba, Université de Yaoundé1, Cameroun
- Pr. Pierre Fandio, Université de Buea, Cameroun
- Pr. Cécile Dolisane, Université de Yaoundé1, Cameroun
- Pr. Kelvin Ngon Toh, University of Bamenda, Cameroon
-Pr. Gérard –Marie Messina, University of Yaounde1, Cameroon  


Coordonnateur : Edouard  Mokwe, Université de Buea. Cameroun

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