Comment repenser le système éducatif africain ?
Colloque international
Lieu: Abidjan, Côte d'Ivoire
Date de l'événement: 1er et 2 juillet 2020

Date limite: 30 avril 2020


Organisé par le Groupe interdisciplinaire de recherche sur les pratiques enseignantes et le Département des Sciences de l’éducation de l’ENS d’Abidjan
En partenariat avec SOADID, LAREDI, GERS, LERATE et LEPPE


En Afrique et plus particulièrement en Côte d’Ivoire, les systèmes éducatifs connaissent des changements d’approches pédagogiques, alimentées par les projets de toutes sortes financés par l’aide internationale : l’AFD, la Banque Mondiale, l’UNICEF, le MCC, etc.
Toutes ces structures par l’entremise d’experts européens créent, innovent, expérimentent, détournent, restructurent, dictent des contenus de programme, des approches pédagogiques et une gouvernance des établissements secondaires et supérieurs sous le prisme occidental.
Parmi les innovations majeurs en pédagogie, nous avons pu connaître l’Éducation télévisuelle dans les années 70, puis la Formation par compétences (ou dirons-nous plutôt), l’Approches par compétences à partir de 2003.
L’enseignement supérieur n’est pas en reste, puisqu’il a aussi basculé au système LMD depuis 2013 par décret présidentiel.
Les contenus d’enseignement ont fortement évolué. Nous avons eu l’introduction des moyens technologiques dans la formation des maîtres qui a donné lieu au projet IFADEM et son corolaire l’enseignement de l’informatique de l’école primaire au collège. C’est une très belle initiative qui malheureusement se heurte à l’inexistence de salles équipées dans les écoles, l’absence d’appareils et de connexion internet.
La création des collèges de proximité a donné naissance à un nouveau type de professeurs des collèges. Ceux-ci sont formés à la bivalence. Ce projet intitulé Reforme des collèges est soutenu par le CIEP à travers l’AFD. Ici aussi, le constat est le même. Quand bien même les professeurs bivalents Maths-TICE reçoivent à l’École normale supérieure d’Abidjan une formation de qualité, ils ne disposent d’aucun matériel didactique pour dispenser les cours d’informatique dans les collèges.
La prise en compte de la notion du genre dans les programmes d’enseignement primaire et secondaire, l’éducation inclusive, l’éducation à la citoyenneté et aux droits de l’homme, l’entreprenariat, etc. sont autant de projets qui arrivent souvent comme un cheveu sur la soupe.
A-t-on vraiment pensé ces projets ? A-t-on véritablement établi un lien entre ces projets et nos réalités africaines ? Ces projets peuvent-ils s’inscrire durablement dans notre mode de vie, dans le contexte de pays en voie de développement, caractérisé par des classes à effectifs pléthoriques, le manque d’infrastructures, l’absence de matériels didactiques et pédagogiques, l’insuffisance quantitative et qualitative d’enseignants, la présence de langues endogènes ? Là, se situe toute la problématique.
La réduction drastique du taux de redoublement, l’harmonisation des coefficients à 1 pour toutes les disciplines au premier cycle du secondaire et le passage automatique en classe de 6ème dès 85 points sont toutes de belles initiatives. Cependant, elles donnent à voir malheureusement, des élèves de plus en plus faibles en mathématique et en français, aussi bien à l’oral qu’à l’écrit, dans nos établissements, pour ne citer que ces deux disciplines. L’indiscipline caractérielle de certains élèves fait regretter aux plus grands nostalgiques « le bon vieux temps », où l’enseignant était ce pédagogue austère.
Alors, que pouvons-nous ? Pour certains, la solution viendrait d’une réelle prise en compte de nos réalités socio-culturelles, pour d’autres, d’une véritable révolution de nos contenus d’enseignement.
On a souvent constaté et déploré le fait que le développement en Afrique, conçu selon le modèle occidental, n’a pas fait beaucoup avancer la cause du continent noir. Dans beaucoup de pays, d’ailleurs, la situation semble être devenue pire qu’à l’époque coloniale. Car, il n’est pas seulement question de l’exploitation des Africains par les grandes puissances économiques ; il faut également se demander si la culture africaine a été vraiment prise en compte dans les différents modèles de progrès économique et technique proposés. En effet, les fondements de l’anthropologie africaine résistent à la modernité et ils devraient, par conséquent, constituer l’âme de tout programme de développement en Afrique. « Si l’on veut faire progresser l’Afrique, il faudra tenir compte de sa culture et faire participer le peuple tout entier au processus de développement ». (Bujo, 2007 : 42).
Dans cette dynamique, on ne peut faire fi de la culture africaine en matière d’instruction et d’éducation. Selon les termes de Peelman « chacun de nous baigne dans sa culture comme un poisson dans l'eau. » (1988 : 42). Et celle-ci, dans ses manifestations que sont la morale, la religion, l'art, la tradition nous suit comme une ombre dans tout notre passé et notre quotidien. Nous ne pouvons en aucun jour, nous en séparer puisque regroupant toutes les sphères de notre vie et de notre être.
Le jeune écrivain camerounais Richard Gatchoko Youaleu (et bien d’autres avant lui), tire la sonnette d´alarme lorsque par la voix du personnage principal de son livre : Le rêve d´un démocrate africain, insiste sur le fait qu´aucun pays de ce monde ne saurait se développer avec la culture d´un autre peuple.
D’autre part, l’application stricto sensus des programmes scolaires depuis le début de l’école en Afrique et d’approches pédagogiques venues de l’occident ne peut plus perdurer. En France, des voix s’élèvent pour décrier le système en place fluctuant au gré de l’inspiration du politique (Legrand, 2019) et pour proposer une véritable révolution de la politique scolaire, un changement de fond en comble (Gautier, 2019). Si le but de l’école en plus de l’instruction est de former des citoyens capables de vivre en société, en harmonie avec eux-mêmes, avec la nature et avec les autres, les matières enseignées, les programmes et les contenus d’enseignement méritent d’être regardés de près.  
Ce colloque donne la parole à vous tous enseignants, chercheurs, praticiens des cycles préscolaire, primaire et secondaire, afin de recueillir vos analyses et réflexions sur les réformes curriculaires, les politiques scolaires en Afrique et particulièrement en Côte d’Ivoire. Il s’agira de voir comment (re)concilier notre système éducatif avec nos réalités linguistiques et culturelles. En effet, pour que l’école reste efficace en Afrique, pour le bien être des générations futures, il faudrait innover nos programmes au prisme des réalités actuelles de nos systèmes éducatifs.
Pour éclairer ce champ, vos contributions sont attendues au plan didactique pédagogique, psychologique, sociologique, anthropologique, philosophique, historique et économique. 
Pour finir, nous paraphrasons Florence Tsagué (2017), en disant : à l´ère de la mondialisation des connaissances, il est capital pour chaque peuple de définir au rendez-vous senghorien du "donner et du recevoir" une politique éducative qui s´inspire de sa culture, de son histoire, oriente son présent et féconde ses ambitions.


Thématiques
Les communications porteront sur les thématiques suivantes :
Thème 1 : Apprentissages du français oral/écrit et acquisition des compétences
Thème 2 : Rénovation des programmes éducatifs, curricula et contenus d’enseignement
Thème 3 : Education et contexte socioculturel
Thème 4 : Orientation scolaire et élèves déscolarisés
Thème 5 : Construction des savoirs et rapports aux savoirs des apprenants
Thème 6 : Observation et analyse des pratiques de classes
Thème 7 : Innovation des pratiques enseignantes par les TICE

Calendrier
Date limite de réception des propositions de communication : le 30 avril 2020
Notification d’acceptation ou de refus : le 31 mai 2020

Dates du colloque : le 1er et  le 2 juillet 2020

Lieu du colloque
École Normale Supérieure d’Abidjan (Côte d’Ivoire)


Frais de participation au colloque :
25 000 FCFA pour les enseignants-chercheurs et les praticiens. 15 000 FCFA pour les étudiants. Ces frais de participation couvrent les pauses café, les déjeuners.


Modalités de soumission
Les inscriptions sont ouvertes sur le site  colloquegirpe.sciencesconf.org
Les propositions de résumés en français (entre 300 et 500 mots) sont à envoyer en pièce jointe (format doc.) au plus tard le 30 avril 2020. Les résumés seront accompagnés d’une brève présentation de l’auteur (Prénom et NOM, Institution de rattachement, adresse mail), une bibliographie de 5 titres, l’axe dans lequel s’inscrit la contribution et les mots-clés.
La publication des actes du colloque est prévue.

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